dimanche 19 avril 2015

La joie, trésor des chrétiens.


Lettre pastorale
de l’abbé Sébastien Thomas, curé,
à tous les paroissiens du groupement de Marines

La joie, trésor des chrétiens.





Chers frères et sœurs,

En ces jours bénis, l’Eglise célèbre l’immense joie de la Résurrection du Christ en chantant sans se lasser la louange du Père dans l’Esprit Saint que Jésus a donné à ses apôtres au matin de Pâques. Alléluia ! Louez Dieu ! Que notre joie déborde et qu’elle se répande dans le monde entier ! Pâques est véritablement le cœur de « la joie chrétienne [qui] est participation spirituelle à la joie insondable[1] » du Christ lui-même.

Il y a deux ans, je vous écrivais la lettre « L’amour du Christ nous presse » par laquelle je voulais vous inviter à vous mettre en marche pour que « notre communauté chrétienne se tourne résolument vers les plus pauvres » et qu’ainsi elle grandisse dans l’amour. Je voudrais aujourd’hui vous encourager à découvrir une conséquence de l’amour : la joie est véritablement le trésor des chrétiens. Si vous me permettez cette confidence, c’est par le témoignage de la joie d’autres personnes que je suis devenu croyant, et même que je suis devenu prêtre. Si notre communauté paroissiale est joyeuse, alors elle sera missionnaire et sa mission portera des fruits.

1.     Vivons dans la joie

La première question que nous pouvons nous poser est la suivante : où trouver la joie dans notre vie ? Mon dictionnaire Robert définit la joie comme une « émotion agréable et profonde […] liée à une cause particulière », mais il ne reconnaît pas cette cause ! Et nous aussi serions peut-être en peine de définir la source de notre joie. Saint Thomas d’Aquin est sans doute celui qui l’a le mieux identifiée : c’est « l’amour, ou bien parce que celui que nous aimons est présent, ou bien encore parce que lui-même est en possession de son bien propre, et le conserve[2]. » Ainsi nous découvrons que lorsque nous ressentons de la joie, c’est parce que nous aimons. Et c’est l’expérience que nous faisons bien souvent : la joie apparaît non pas parce que nous la recherchons en elle-même, mais elle apparaît comme en ricochet. Elle est tantôt la récompense d’un devoir accompli, tantôt le débordement d’un amour quand l’être aimé est près de nous, tantôt encore le simple contrecoup de savoir l’autre dans la joie. Quoi qu’il en soit, je crois que la joie est toujours désintéressée, comme l’amour lui-même.

La meilleure image que Jésus nous donne est celle des enfants. Ils nous montrent l’exemple d’une joie simple. Ils savent dire leur joie avec beaucoup de finesse, sans toujours s’en rendre compte ! Et Jésus nous invite plusieurs fois à imiter les enfants : « Laissez les enfants venir à moi, et ne les empêchez pas, car le royaume de Dieu est à ceux qui leur ressemblent » (Evangile selon saint Luc 18,16). A l’autre bout de la vie, nous pourrions également contempler la belle joie des grands-parents qui savent se réjouir de la joie des autres, qui goûtent pleinement une visite, et dont les yeux scintillent à l’évocation de ceux qu’ils aiment.

Je parlais plus haut de la joie comme trésor des chrétiens. Serait-ce à dire que la joie est seulement chrétienne ? Certainement, nous pouvons voir autour de nous des personnes non chrétiennes et qui ressentent une joie authentique. L’amour ne se borne pas aux frontières de l’Eglise ! Pourtant, nous croyons que « Dieu est amour » (1ère lettre de saint Jean 4,8) et que « Dieu a tellement aimé le monde qu’il a donné son Fils unique » (Evangile selon saint Jean 3,16). Au cœur des fêtes pascales que nous vivons, il y a cette joie fondamentale d’être aimés de Dieu, d’un amour tel qu’Il nous a donné Jésus, sa Parole faite chair, pour nous sauver du péché et de la mort. Ainsi le Pape François peut-il affirmer que « la joie de l’Evangile remplit le cœur et toute la vie de ceux qui rencontrent Jésus[3] », et le Saint-Père ajoute : « c’est seulement grâce à cette rencontre – ou nouvelle rencontre – avec l’amour de Dieu, qui se convertit en heureuse amitié, que nous sommes délivrés de notre conscience isolée et de l’auto-référence[4]. »

Nous comprenons mieux alors que l’amour de Dieu fait grandir notre joie. Le christianisme est vraiment la religion de l’amour ; c’est en ce sens qu’on peut dire que la joie est le trésor des chrétiens. Et comme tout trésor, la joie nous oblige – en tant que chrétiens – à la développer et à la partager, sans quoi nous risquerions de la perdre ! 


2.     Grandissons dans la joie

Développer notre joie est essentiel, car « là où est votre trésor, là aussi sera votre cœur » (Evangile selon saint Luc 12,34). Comme l’homme qui avait trouvé un trésor dans un champ : « Dans sa joie, il va vendre tout ce qu’il possède, et il achète ce champ » (Evangile selon saint Matthieu 13,44). Nous aussi, mettons tout en œuvre pour grandir dans la joie ! Et pour cela, nous avons compris qu’il nous faut grandir dans l’amour. Nombreux sont les moyens qui nous sont donnés pour faire croître notre amour.

Relisons d’abord la réponse que Jésus donne à un homme qui l’interrogeait  sur le plus grand commandement de la Loi : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de tout ton esprit. Voilà le grand, le premier commandement. Et le second lui est semblable : Tu aimeras ton prochain comme toi-même. De ces deux commandements dépend toute la Loi, ainsi que les Prophètes » (Evangile selon saint Matthieu 22,37-40). L’amour de Dieu et l’amour des hommes sont indissociables. Il serait illusoire de vouloir aimer Dieu en refusant d’aimer les hommes, et l’amour des hommes sans l’amour de Dieu est vidé de sa substance. Si nous voulons faire croître notre amour, c’est notre amour à la fois de Dieu et des hommes qu’il nous faut faire grandir.

L’Eglise propose traditionnellement quatre axes d’insistance pour grandir dans l’amour, regardons-les un à un.

-        L’écoute de la Parole de Dieu

« Quand je rencontrais tes paroles, je les dévorais ; elles faisaient ma joie, les délices de mon cœur » (Livre de Jérémie 15,16). La première chose à faire pour aimer quelqu’un, c’est de l’écouter pour le connaître. C’est un principe spirituel essentiel : écouter Dieu parler, pour mieux le connaître et mieux l’aimer. Chaque jour, prenons le temps de nous imprégner de la Parole de Dieu, en lisant la Bible, en priant avec les textes du jour (dans notre Magnificat, dans notre Prions en Eglise, sur notre smartphone…).

-       La célébration des sacrements

Les sacrements sont les signes efficaces de l’amour de Dieu pour nous. N’hésitons pas à les recevoir ! Le Baptême est la porte d’entrée de tous les sacrements, il n’est jamais trop tard pour le demander ! Ainsi de la Confirmation qui nous donne la plénitude de l’Esprit de Dieu. L’Eucharistie, « source et sommet de toute la vie chrétienne[5] », est une aide précieuse dans notre vie, qui nous donne la force et la joie nécessaires à affronter les épreuves. La Réconciliation, qui peut à juste titre est appelée le Sacrement de la joie[6], est trop méconnue et demande qu’on la redécouvre. L’Onction des malades est également trop souvent ignorée, alors qu’elle représente un soutien immense dans la souffrance. Le Mariage et l’Ordre, enfin, donnent sens à notre vie et nous aident à mieux aimer. Chaque sacrement participe à la croissance de notre amour de Dieu et des hommes, n’ayons pas peur de les recevoir !

-         La mise en œuvre des commandements

Nous avons entendu Jésus nous dire que toute la Loi se résume dans le double commandement de l’amour de Dieu et des autres. Ainsi, nous comprenons que notre vie morale, la mise en œuvre des commandements de Dieu et de l’Eglise, nous aide à mieux aimer. Nos efforts pour nous améliorer ne sont pas vains, et ils fructifient en amour et en joie.

-         La vie fraternelle

L’exercice de la charité fraternelle est enfin la partie émergée et la vérification de tout ce qui précède. A quoi servirait d’écouter la Parole de Dieu, de recevoir les sacrements et d’observer les commandements, si nous restions isolés, acariâtres et désagréables ? Ainsi le Père Bernard Dagron pouvait-il dire dans une conférence récente que « nous sommes à l’image de Dieu quand nous sommes créatifs, quand nous sommes aimants et quand nous sommes miséricordieux. » C’est une bonne définition, je pense, de la vie fraternelle, au sein de nos familles, de notre paroisse, de nos villages, dans tous les milieux où nous vivons, et en particulier auprès des plus pauvres.

La question de la place au sein de l’Eglise des personnes qui, par leur situation de vie, ne peuvent pas recevoir les sacrements, a été clairement posée par le Synode sur la famille, réuni l’an dernier et cette année par le Pape à Rome. Au terme de cette seconde partie, nous comprenons mieux comment ces personnes sont invitées à grandir dans la joie chrétienne, en écoutant la Parole de Dieu, en observant ses commandements et en étant attentives aux autres, au nom de leur baptême et de leur confirmation.


3.     Partageons notre joie

Un trésor, ça se partage. « L’Église a pour vocation d’apporter au monde la joie, une joie authentique qui demeure[7]. » C’est pourquoi notre Eglise est appelée à rayonner de la joie dont elle vit, à la partager avec le monde entier. Notre évêque a ainsi pu affirmer récemment que dans le Val d’Oise « il est urgent que nos communautés, habitées par le dynamisme et la joie du Ressuscité, se rendent disponibles à entendre l’appel de Dieu[8]. »

Le Jubilé de notre diocèse, célébrant le 50e anniversaire de sa fondation, sera pour chacun de nous l’occasion de se mettre à l’écoute de l’Evangile selon saint Luc, pour « nous permettre une nouvelle relation à Dieu, une nouvelle relation au frère, une nouvelle relation au monde[9]. » Ce renouvellement de notre amour de Dieu et des hommes sera aussi renouvellement de notre joie. Et la coïncidence de cette année jubilaire avec l’année sainte de la miséricorde annoncée par le Pape François aura pour nous un sens profond en vue de « trouver dans ce jubilé la joie pour redécouvrir et rendre féconde la miséricorde de Dieu, avec laquelle nous sommes tous appelés à apporter le réconfort à chaque homme et à chaque femme de notre temps[10]. »

Vous le voyez, tout concorde pour que nous nous mettions tous en marche pour redécouvrir et approfondir la joie qui nous habite, joie d’aimer et d’être aimés, joie de vivre dans un monde aimé de Dieu, joie d’être témoins de cet amour. Dans notre paroisse, de nombreux moyens sont mis en œuvre à cette fin, selon la sensibilité de chacun. La beauté de nos liturgies est centrale, car elle nous rassemble et nous porte vers Dieu, en même temps qu’en elle Dieu se donne à nous. Les formations pour tous les âges (éveil à la foi, catéchisme, aumônerie, cours bibliques, catéchèse pour adultes, retraites de Carême, etc.) nous aident à mieux connaître Dieu pour mieux l’aimer. Les Dimanches en famille font croître notre amour fraternel. Tout ce qui peut contribuer à faire grandir notre amour de Dieu et de nos frères doit être mis en œuvre.

C’est pourquoi, pour finir cette lettre, j’aimerais vous inviter à constituer de petites équipes de partage. Un trésor, ça se partage. Et la joie a ceci d’extraordinaire qu’elle grandit quand on la partage. Saint Jean XXIII aimait dire que « la paroisse, c’est la fontaine du village où chacun peut venir s’abreuver ». Je vous propose donc de créer sans tarder des groupes que nous pourrions appeler des fontaines. Comme notre paroisse compte de nombreux villages, nous aurons plusieurs fontaines – par exemple une fontaine biblique où nous pourrons partager notre lecture de l’Ecriture, une fontaine mariale fondée sur le Rosaire, une fontaine familiale où nous partagerons nos vies de famille… J’imagine ces fontaines comme des lieux où nous pourrons mettre en commun nos joies, nos préoccupations, nos souffrances, tout ce qui fait nos vies. Vous le voyez, il faut tout inventer ! Mais je ne doute pas qu’inspirés par l’Esprit Saint, en ce temps de Pâques, nous serons créatifs ! Je compte sur vous pour me proposer vos idées et pour vous mettre en marche, car c’est dans la mesure où notre paroisse vivra pleinement de la joie du Ressuscité, qu’elle portera au loin la mission que le Christ lui a donnée.

De tout cœur, je vous bénis !

Fait à Marines, ce 5 avril 2015,
Saint Jour de Pâques.

Sébastien Thomas +
prêtre





[1]Bx Paul VI, Exhortation apostolique Gaudete in Domino sur la joie chrétienne, n°14 (9 mai 1975).
[2]S. Thomas d’Aquin, Somme Théologique II-II, q. 28, a. 1.
[3]François, Exhortation apostolique EvangeliiGaudium sur l’annonce de l’Evangile dans le monde d’aujourd’hui (24 novembre 2013), n°1.
[4]ibid., n°8.
[5]Concile Œcuménique Vatican II, Constitution dogmatique Lumen Gentium sur l’Eglise, n°11.
[6] Titre du beau livre d’André Mardegan, aux éditions Artège (Perpignan, 2013).
[7]Benoît XVI, Message à l’occasion de la XXVIIe Journée Mondiale de la Jeunesse (15 mars 2012).
[8]Mgr Stanislas LALANNE, Démarche pastorale Ecoutons l’appel de Dieu ! (8 septembre 2014), p. 8.
[9]Mgr Stanislas LALANNE, Appel pour préparer le Jubilé (février 2015).
[10]François, Homélie de la célébration pénitentielle du 13 mars 2015 au Vatican. 

mercredi 12 mars 2014

Lettre de la Communion Saint-Jean-Eudes n°1


Lettre de la Communion

Lettre n°1
mars 2014
Chers paroissiens et amis,
Depuis le début de l’Eglise de nombreux chrétiens se sont investis, à l’exemple de Jésus, pour aider les plus petits et les plus faibles, pour soulager les souffrances des personnes malades… Aujourd’hui encore dans nos paroisses du groupement de Marines, des personnes visitent l’hôpital, la maison de retraite, l’établissement des Parentèles à Chars, les personnes isolées à domicile, portent la communion à ceux qui ne peuvent plus se déplacer.
Afin de rassembler dans une même fraternité tous ceux qui sont animés par le souci de soulager les souffrances auxquelles nous sommes confrontés, la Communion Saint-Jean-Eudes a été instituée (voir l’encadré). Un petit « noyau » s’est mis en place. Il réfléchit aux orientations à donner à la Communion.
Une première action a été de réunir les personnes désirant s’investir dans la visite des isolés. Une équipe s’est constituée, elle devra s’étoffer afin de mieux couvrir l’ensemble de nos villages.
Tout le monde n’est pas appelé à visiter. Il faut que notre santé, notre disponibilité le permettent, mais une chose est certaine c’est que cette démarche doit se faire dans la prière.
Dieu a horreur de la souffrance, du mal ; mais le mal est présent dans notre monde et Dieu a besoin des hommes pour lutter contre le mal. Si Dieu a besoin des hommes, en revanche il est toujours présent pour les aider, encore faut-il le lui demander en toute humilité.
Alors un appel est lancé à tous ceux qui ne peuvent pas participer pratiquement à ces visites.
Il est créé dans la Communion Saint-Jean-Eudes une « chaîne de prière » qui a pour objet de soutenir les « visiteurs ». Cette activité se doit d’être un engagement léger certes mais sur lequel on puisse compter. Si vous vous sentez concernés par cette démarche, vous pouvez demander un formulaire d’inscription à moi-même au téléphone, par courriel ou par écrit au presbytère d’Us ou en parler à l’un des responsables de la paroisse.
Recevez chers paroissiens et amis, mes salutations fraternelles.
René Lokocki



Une prière pour la Communion Saint-Jean-Eudes

Nous sommes invités à la réciter chaque jour pour soutenir les visiteurs et les visités :
Seigneur Jésus, nous te prions
par l’intercession de la Vierge Marie
et de Saint Jean Eudes
qui s’est consacré à vos saints cœurs
pour mieux soulager les souffrances
des plus petits et des plus faibles.
Soutiens la bonne volonté
de ceux qui visitent les personnes âgées,
les malades et les isolés
afin qu’ils soient porteurs de foi,
d’espérance et de charité.
Ouvre les cœurs des personnes visitées
pour qu’elles puissent bénéficier
de toutes les grâces de ton amour.
Amen.



Qu’est-ce que la Communion Saint-Jean-Eudes ?
La Communion Saint-Jean-Eudes a été instituée par la Lettre pastorale « L’amour du Christ nous presse » du Père Sébastien Thomas, curé du groupement de paroisses de Marines, le 10 février 2013.
Elle trouve sa source dans le cœur de Jésus et Marie par l’intercession de son Saint Patron. Elle rassemble toutes les personnes du groupement des paroisses de Marines qui marchent à la suite de Jésus-Christ pour soutenir leurs frères en souffrance par la maladie, le handicap, la solitude, la précarité ou toute autre cause.



Un logo pour la Communion Saint-Jean-Eudes

Cette première Lettre de la Communion est l’occasion de vous présenter le logo que nous avons choisi. Pourquoi un logo ? Parce qu’il est important que nous puissions nous identifier à une image qui représente bien ce que nous voulons vivre :
                    Les Sacrés Cœurs de Jésus et de Marie, emblèmes de saint Jean Eudes au XVIIe siècle, sont le symbole du grand amour du Fils de Dieu et de sa Mère envers les plus pauvres et les plus souffrants. C’est à eux d’abord que nous nous confions.

                    Ils recouvrent entièrement le profil du territoire de notre paroisse, en filigrane, pour bien montrer que la Communion Saint-Jean-Eudes concerne chacun des habitants de nos villages, qu’elle réalise le soin que nous voulons prendre de chacun, dans cette belle terre du Vexin, que l’amour de Dieu enrobe dans un même mouvement.
Avec un saint patron, une prière et un logo, nous voici armés je l’espère pour prendre notre part dans la Communion Saint-Jean-Eudes, au service des plus pauvres et des plus isolés.
En ce début du Carême, de tout cœur, je vous bénis.

P. Sébastien +

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La communion Saint Jean Eudes rassemble dans un même esprit de charité aussi bien les personnes engagées dans un service que les personnes visitées.

Ce que chacun de vous a reçu comme don de la grâce, mettez-le au service des autres, comme de bons gérants de la grâce de Dieu sous toutes ses formes : si quelqu’un a le don de parler, qu’il dise la parole de Dieu ; s’il a le don du service, qu’il s’en acquitte avec la force que Dieu communique. Ainsi, en toute chose, Dieu recevra sa gloire par Jésus Christ.
(1 P 4, 10-11)





Communion Saint-Jean-Eudes
Presbytère d’Us
12, rue Henri Clément
95450 Us

Adresse courriel : csje@laposte.net


Annonce :
La Communion Saint-Jean-Eudes doit renforcer ses équipes de visiteurs des personnes isolées. Nous recherchons des personnes pour compléter les équipes de Bréançon et de Grisy-les-Plâtres.


jeudi 31 octobre 2013

Lettre à Adveniat - Toussaint 2013


Fraternité missionnaire du diocèse de Pontoise

Lettre à la fraternité missionnaire Adveniat


Marines, ce 1er novembre 2013
Fête de tous les saints




Chers frères et sœurs d’Adveniat,

Vous avez sans doute remarqué que depuis septembre, nous ne vous avons pas fait signe. Il faut dire que nous sommes en pleine réflexion, avec Lorraine, quant à l’avenir de notre fraternité missionnaire. Cette lettre est donc d’abord pour chacun une invitation à penser à la nouvelle évangélisation dans le monde et à la forme qu’elle doit prendre dans le Val d’Oise. Mais en aucun cas cette période ne doit être un temps de remise en cause de notre élan missionnaire !

1.     Les raisons d’une pause

Depuis que j’ai été nommé aumônier par Monseigneur Riocreux, j’ai pu remarquer la difficulté de rassembler des responsables pour la fraternité. Déjà en 2011, Adveniat avait failli arrêter ses activités après la dernière semaine de mission à Ermont. Nous avons néanmoins décidé de poursuivre, plaçant nos espoirs dans le pèlerinage de dix d’entre nous à Rome, à l’invitation du Pape émérite Benoît XVI, pour la rencontre du Conseil Pontifical pour la promotion de la nouvelle évangélisation.

Pourtant, depuis deux ans, le nombre de jeunes acceptant de porter une charge dans la durée pour Adveniat n’a cessé de diminuer, au point que la semaine missionnaire de Franconville cette année a reposé sur deux ou trois.

L’heure de trouver un successeur à Lorraine comme responsable de la fraternité est arrivée. Je la remercie de tout ce qu’elle a donné à Adveniat depuis des années. Nous avons décidé ensemble qu’elle ne serait plus responsable l’année à venir, même si nous ne trouvions personne. Nous avons cherché, nous avons pris contact avec quelques personnes, mais nous n’en avons trouvé aucune qui accepte cette mission.

C’est pourquoi, avec d’autres soutiens d’Adveniat, Lorraine et moi avons décidé de faire une pause ; nous verrons si cette pause est définitive ou non, selon les réactions qu’elle suscitera. L’abbé Pierre Machenaud, notre vicaire épiscopal, en a été informé. Nous ne prévoyons donc pas d’activités pour cette année jusqu’à nouvel ordre.

Une rencontre amicale sera bientôt organisée, et un diaporama des activités d’Adveniat depuis sa fondation sera préparé pour rendre grâce à Dieu pour tous les fruits recueillis les uns avec les autres. Je vous remercie tous d’ores-et-déjà pour ce que vous avez donné à notre fraternité.

2.     Les formes de la nouvelle évangélisation

Je comprends que cette décision puisse décevoir certains d’entre vous, mais j’affirme avec force que la nouvelle évangélisation se poursuit sous d’autres formes pour tous ceux qui veulent s’y engager ! N’oubliez pas qu’Adveniat n’est pas le seul instrument de nouvelle évangélisation qui nous soit proposé. Une commission pour sa mise en œuvre existe dans notre diocèse, des paroisses s’engagent résolument en ce sens, avec des veillées de louange et d’effusion de l’Esprit, des évangélisations de rue, des initiatives multiples (crèches vivantes, marchés de Noël, etc.) et vous savez que la nouvelle évangélisation peut avoir de nombreuses formes, au-delà même de ce que nos imaginations peuvent inventer, comme le Pape Paul VI l’affirmait déjà en 1975 :

Cette prédication évangélisatrice prend plusieurs formes que le zèle inspirera de recréer presque à l’infini. Ils sont effectivement innombrables, les événements de la vie et les situations humaines qui offrent l’occasion d’une annonce discrète mais marquante de ce que le Seigneur a à dire dans cette circonstance. Il suffit d’avoir une vraie sensibilité spirituelle pour lire dans les événements le message de Dieu[1].

Je vous invite donc tous à réfléchir à la place que vous souhaitez prendre dans ce mouvement magnifique d’annonce de l’Evangile dans le monde contemporain auquel vous avez pris part dans le cadre d’Adveniat et auquel vous continuerez de participer sous d’autres formes. Soyez disponibles aux motions de l’Esprit Saint, et ne baissez pas les bras !

Dans la lettre pastorale qu’il a publiée dernièrement, notre évêque Monseigneur Stanislas Lalanne nous engage tous à être toujours plus « visages d’espérance[2] » auprès des hommes et des femmes qui nous entourent, dans un monde tant marqué par la morosité et par le désespoir.

3.     Notre espérance dans l’élan missionnaire de notre diocèse

Cette lettre ne constitue donc en aucun cas un point final, même si Adveniat ne devait pas reprendre ses activités dans l’immédiat. Car, encore une fois, chacun de vous est appelé à être missionnaire par le fait même que vous êtes baptisés et que vous avez la foi, car « la foi n’est pas un fait privé, une conception individualiste, une opinion subjective, mais elle naît d’une écoute et elle est destinée à être prononcée et à devenir annonce[3]. »

         Dans la prière, placez-vous devant Dieu et réfléchissez à l’engagement qui est le vôtre pour l’annonce de l’Evangile et l’avènement du Royaume de Dieu aujourd’hui dans notre beau diocèse de Pontoise. Dans le dialogue, échangez vos désirs et vos craintes avec d’autres. Je suis à votre disposition pour en parler, pour rêver ensemble, pour envisager l’avenir – et si vous en ressentez l’appel, l’avenir même d’Adveniat. Dans un premier temps, nous continuerons de nous rencontrer régulièrement pour prier et louer Dieu dans la crypte de l’église Notre-Dame d’Eaubonne avec le groupe de prière Duk’n Altum[4].

C’est donc dans la joie et dans la confiance que je prie pour vous et que je vous bénis. Que l’intercession de tous les saints du ciel vous accompagne toujours !




                                                                  Sébastien Thomas +
                                                                                                     prêtre




[1] Paul VI, Exhort. apost. Evangelii Nuntiandi, n°43.
[2] Mgr S. Lalanne, Lettre pastorale Vous êtes tous visages d’espérance (4 octobre 2013).
[3] François, Lettre encyclique Lumen fidei sur la foi, n°22.
[4] Toutes les informations sont sur http://dukinaltum.blogspot.fr 

jeudi 2 mai 2013

« N’ayez pas peur de la bonté, de la tendresse ! » - Lettre à Adveniat



Fraternité missionnaire du diocèse de Pontoise

Lettre à la fraternité missionnaire Adveniat

« N’ayez pas peur
de la bonté, de la tendresse ! »


Marines, ce 1er mai 2013
Saint Joseph, travailleur


Chers frères et sœurs d’Adveniat,

D
ans ma dernière lettre, je vous parlais de la louange, au cœur de notre vie chrétienne, et j’avais insisté sur l’importance et la richesse du lien que nous entretenons avec notre beau diocèse. La nomination de Monseigneur Stanislas Lalanne comme évêque de Pontoise et son installation le 6 avril dernier, ainsi que la renonciation de Benoît XVI à sa charge et l’élection de son successeur le Pape François en mars, ont marqué la vie de notre Eglise en Val d’Oise, et renouvelé notre joie d’être chrétiens.

         Les premiers pas de François comme évêque de Rome ont touché le monde entier par sa simplicité, son humilité, et la radicalité de son engagement à la suite du Christ. C’est pourquoi nous avons choisi, avec l’Equipe d’animation pastorale de Franconville qui nous accueillera du 23 au 30 juin pour notre semaine missionnaire, d’emprunter notre thème de mission à l’homélie que le Saint-Père a prononcée lors de l’inauguration de son pontificat, le 19 mars dernier, qui rappelait aussi les premiers mots du bienheureux Jean-Paul II : « N’ayez pas peur de la bonté, de la tendresse ! »

1.    « Nous ne devons pas avoir peur de la bonté, et même de la tendresse ! »

Dans l’homélie du 19 mars, prononcée lors de la solennité de saint Joseph, le Pape méditait sur la façon dont le charpentier de Nazareth avait été un gardien de Marie, de Jésus et de l’Eglise, et il nous le donnait pour modèle :

Je voudrais demander, s’il vous plaît, à tous ceux qui occupent des rôles de responsabilité dans le domaine économique, politique ou social, à tous les hommes et à toutes les femmes de bonne volonté : soyons ‘‘gardiens’’ de la création, du dessein de Dieu inscrit dans la nature, gardiens de l’autre, de l’environnement ; ne permettons pas que des signes de destruction et de mort accompagnent la marche de notre monde ! Mais pour ‘‘garder’’ nous devons aussi avoir soin de nous-mêmes ! Rappelons-nous que la haine, l’envie, l’orgueil souillent la vie ! Garder veut dire alors veiller sur nos sentiments, sur notre cœur, parce que c’est de là que sortent les intentions bonnes et mauvaises : celles qui construisent et celles qui détruisent ! Nous ne devons pas avoir peur de la bonté, et même de la tendresse ![1]

         Nous comprenons bien que François nous appelle à être attentifs au monde qui nous entoure, à l’aimer, à le ‘‘garder’’. Et nous voyons même qu’il considère que c’est une responsabilité commune à tous les hommes et à toutes les femmes de bonne volonté d’être gardiens. Gardiens de l’environnement, de nos frères humains, et aussi de nous-mêmes. Le Saint-Père rejoignait ainsi la grande déclaration que le Concile Vatican II avait faite au début de la constitution pastorale Gaudium et Spes sur l’Eglise dans le monde de ce temps : « Les joies et les espoirs, les tristesses et les angoisses des hommes de ce temps, des pauvres surtout et de tous ceux qui souffrent, sont aussi les joies et les espoirs, les tristesses et les angoisses des disciples du Christ, et il n’est rien de vraiment humain qui ne trouve écho dans leur cœur[2]. » Et le Concile ajoutait : « Le monde qu’il a ainsi en vue est celui des hommes, la famille humaine tout entière avec l’univers au sein duquel elle vit[3]. »

         François insistait dans la suite de son homélie sur le fait que nous sommes tous appelés à être des gardiens :

Garder Jésus et Marie, protéger la création tout entière, veiller sur chaque personne, spécialement la plus pauvre, nous garder nous-mêmes : voici un service que l’évêque de Rome est appelé à accomplir, mais auquel nous sommes tous appelés pour faire resplendir l’étoile de l’espérance : gardons avec amour ce que Dieu nous a donné ![4]

Cependant nous nous apercevons vite que garder avec amour ce que Dieu nous a donné n’est pas si facile, en particulier à cause de notre péché et du péché du monde. Et l’un des effets principaux du péché est de nous éloigner de l’amour. Il nous est ainsi plus difficile d’aimer qu’aux premiers moments de la Création, avant le péché originel, parce que nous portons en nous cette mystérieuse tendance à ne pas aimer l’amour[5]. Et nous ressentons souvent cette tendance avec tristesse, car « l’expérience du péché comme refus de suivre (le Christ), comme offense à son amitié, jette une ombre dans notre cœur[6]. »

C’est pourquoi François insiste avec tant de force, au point de répéter deux fois cette même phrase : « Nous ne devons pas avoir peur de la bonté, et même de la tendresse ! »  – « Nous ne devons pas avoir peur de la bonté, de la tendresse ! »

La bonté et la tendresse ne sont pas des valeurs majeures dans le monde contemporain, du moins dans ce que montrent les médias chaque jour.  L’efficacité et le succès semblent les supplanter dans tous les domaines, qu’ils soient professionnels, sociaux ou personnels. Une certaine fausse pudeur nous prend d’ailleurs souvent, lorsque nous voudrions parler de bonté et de tendresse, qui nous fait penser : ‘‘de quoi vais-je avoir l’air, si je parle de tendresse ?’’

Pour être les gardiens de ce que Dieu nous a donné, comme nous le demande le Saint-Père, nous devons faire croître en nous la tendresse et la bonté, et les annoncer au monde qui nous entoure. Et pour cela nous ne devons pas en avoir peur.

2.      L’amour de Dieu, sa tendresse et sa bonté nous précèdent

Pour ne pas avoir peur de la bonté et de la tendresse, et pour comprendre que nous sommes sur le bon chemin si nous les développons en nous, il est important que nous gardions en tête que la bonté et la tendresse sont d’abord des attributs de Dieu. Dans toute la Bible, Dieu se révèle comme un Dieu bon et tendre pour son peuple. Fidèle à ses alliances avec Noé, Abraham et Moïse, le Seigneur ne cesse de revenir, inlassablement, à la rencontre de l’homme lorsque celui-ci s’éloigne de lui. Un verset du psaume 144(145) réunit à la fois la bonté et la tendresse du Seigneur : « la bonté (bAj) du Seigneur est pour tous, sa tendresse (mxr), pour toutes ses œuvres » (Ps 144(145), 9, AELF).

bAj (tôb), c’est l’adjectif que le Seigneur utilise pour qualifier sa création, « Et Dieu vit que cela était bon » (Gn 1). C’est aussi le mot qui sert à distinguer le bien du le mal (Gn 3). Et c’est ainsi que les auteurs de l’Ancien Testament qualifient Dieu en retour. mxr (rêhêm ou raham) désigne d’abord les entrailles, le ventre de la mère qui porte son enfant. Par extension, il décrit par analogie l’amour des parents pour leurs enfants, qui les touche au fond du cœur. C’est le mot qui a donné en latin notre ‘‘miséricorde’’. Dieu s’est donc révélé dès le début comme un Dieu bon et tendre à la fois.

Le sommet de l’amour prévenant de Dieu, nous le savons, a été le don qu’Il a fait de son fils unique Jésus-Christ pour nous sauver du péché et de la mort. Saint Paul l’a magnifiquement exprimé dans son hymne aux Ephésiens :

3 Qu’il soit béni, le Dieu et Père de notre Seigneur, Jésus, le Christ ! Il nous a bénis et comblés des bénédictions de l’Esprit, au ciel, dans le Christ. 4 Il nous a choisis, dans le Christ, avant que le monde fût créé, pour être saints et sans péchés devant sa face grâce à son amour. 5 Il nous a prédestinés à être, pour lui, des fils adoptifs  par Jésus, le Christ. Ainsi l’a voulu sa bonté, 6 à la louange de gloire de sa grâce, la grâce qu’il nous a faite dans le Fils bien-aimé. 7 En lui, par son sang, nous avons le rachat, le pardon des péchés. (Ep 1,3-7, AELF)

L’amour de Dieu nous précède donc et nous rejoint lorsque nous lui sommes infidèles. Cela doit être pour chacun de nous une source intarissable de joie et d’action de grâce qui s’exprime en louange ! Et je crois que nous pouvons en tirer également une cause de confiance et d’espérance très profondes, engendrées par la certitude que Dieu nous aime quelles que soient nos limites et quels que soient nos échecs à sa suite. Nous ne devons par ailleurs jamais oublier que cet amour de Dieu est destiné à tous les hommes et à toutes les femmes, nos frères et sœurs en Jésus Christ.

Je sais que beaucoup d’entre vous ont été éprouvés ces derniers mois par les débats politiques et sociaux en France, en particulier lors du vote de la loi sur le « mariage pour tous ». Les prises de parole publiques de responsables religieux et de nombreux chrétiens n’ont pas manqué, et nous pouvons en être fiers. Ce projet de loi laisse la société française profondément divisée, durablement meurtrie. Les personnes que nous rencontrons chaque jour, et en particulier celles que nous rencontrerons pendant notre semaine de mission à Franconville, ne sont pas indifférentes à ce débat, elles ont toutes un avis sur le sujet, et nous aurons à en discuter parfois. N’oublions jamais que « Dieu […] a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils, son unique, pour que tout homme qui croit en lui ne périsse pas mais ait la vie éternelle. » (Jn 3,16, TOB) C’est pourquoi le Pape François nous invite à faire grandir la bonté et la tendresse en nous d’abord, pour qu’elles rejaillissent ensuite autour de nous.

C’est le sens du conseil que saint Paul donnait à son disciple Tite, dans un contexte pourtant loin d’être favorable à l’Eglise naissante :

1 Rappelle à tous qu’ils doivent être soumis aux magistrats, aux autorités, qu’ils doivent obéir, être prêts à toute œuvre bonne, 2 n’injurier personne, éviter les querelles, se montrer bienveillants, faire preuve d’une continuelle douceur envers tous les hommes. 3 Car nous aussi, autrefois, nous étions insensés, rebelles, égarés, asservis à toutes sortes de désirs et de plaisirs, vivant dans la méchanceté et l’envie, odieux et nous haïssant les uns les autres. 4 Mais lorsque se sont manifestés la bonté de Dieu notre Sauveur et son amour pour les hommes, 5 il nous a sauvés non en vertu d’œuvres que nous aurions accomplies nous-mêmes dans la justice, mais en vertu de sa miséricorde, par le bain de la nouvelle naissance et de la rénovation que produit l’Esprit Saint. 6 Cet Esprit, il l’a répandu sur nous avec abondance par Jésus Christ notre Sauveur, 7 afin que, justifiés par sa grâce, nous devenions, selon l’espérance, héritiers de la vie éternelle. (Tt 3,1-7, TOB)

     La force que Dieu donne aux croyants, par l’Esprit Saint, c’est l’espérance, que le Catéchisme de l’Eglise catholique définit ainsi :

L’espérance est la vertu théologale par laquelle nous désirons comme notre bonheur le Royaume des cieux et la Vie éternelle, en mettant notre confiance dans les promesses du Christ et en prenant appui, non sur nos forces, mais sur le secours de la grâce du Saint-Esprit. (n°1817)

C’est parce que nous croyons que le Christ a accompli la promesse de salut que Dieu avait faite à son peuple, et aidés par l’Esprit Saint reçu au baptême, sûrs que la tendresse et la bonté de Dieu nous précèdent, que nous pouvons avancer joyeux et confiants dans le monde contemporain, pour lui annoncer la Bonne nouvelle.

3.      Saint François d’Assise, modèle sur ce chemin

Un beau modèle sur ce chemin exigeant nous est proposé par le Saint-Père qui a choisi le nom de François pour se placer sous le patronage de Poverello d’Assise. Quel encouragement pour Adveniat qui a pris saint François et saint Dominique comme principaux exemples !

Saint François d’Assise nous donne un triple exemple d’amour de Dieu, d’amour du prochain, et d’humble espérance. Son amour de Dieu se manifeste dans sa capacité à le louer à chaque instant de sa vie, comme en témoigne son Cantique des Créatures : « Très haut, tout puissant et bon Seigneur, à toi louange, gloire, honneur, et toute bénédiction ; à toi seul ils conviennent, ô Très-Haut, et nul homme n’est digne de te nommer. » Saint François est le modèle-même de l’homme qui reconnaît que sans Dieu il ne pourrait rien faire, et qui en ressent un amour d’autant plus grand pour le Seigneur.

De cet amour de Dieu est né un grand amour de tous les hommes, dès la conversion de saint François. Cet amour l’a conduit à épouser Dame Pauvreté et à fonder l’ordre des Frères mineurs pour annoncer l’Evangile dans les villes de son temps.

Voici comment le Seigneur me donna, à moi frère François, la grâce de commencer à faire pénitence. Au temps où j’étais encore dans les péchés, la vue des lépreux m’était insupportable. Mais le Seigneur lui-même me conduisit parmi eux ; je les soignai de tout mon cœur ; et au retour, ce qui m’avait semblé si amer s’était changé pour moi en douceur pour l’esprit et pour le corps[7]

J’aimerais insister particulièrement sur son espérance. Vous savez combien saint François a été malmené à la fin de sa vie, au sein même de son ordre. Jamais pourtant il n’a douté de la victoire de Dieu sur le mal, ni du soutien de l’Esprit Saint dans toutes ses épreuves. Il en tirait une humilité extraordinaire, comme le rapporte un de ses fioretti : « au-dessus de toutes les grâces et dons de l’Esprit-Saint que le Christ accorde à ses amis, il y a celui de se vaincre soi-même, et de supporter volontiers pour l’amour du Christ les peines, les injures, les opprobres et les incommodités[8] ».

Dans notre vie de tous les jours, et pour nous préparer à la semaine missionnaire à Franconville où je vous espère nombreux, suivons donc l’exemple de saint François d’Assise dans son amour de Dieu, son amour du prochain et son humble espérance ! Et continuons de porter Adveniat dans notre prière, avec le Notre Père quotidien et cette prière de saint François :

Que ton règne vienne,
règne en nous dès maintenant par la grâce,
introduis-nous un jour en ton royaume
où sans ombre enfin nous te verrons,
où deviendra parfait notre amour pour toi,
bienheureuse notre union avec toi,
éternelle notre jouissance de toi.

De tout cœur, par l’intercession de la Vierge Marie et de saint Joseph,
je vous bénis !

Sébastien Thomas +
prêtre


[1] François, Homélie de la Messe d’inauguration de son ministère d’évêque de Rome, 19 mars 2013.
[2] Vatican II, Const. past. Gaudium et spes sur l’Eglise dans le monde de ce temps (7 décembre 1965), n°1.
[3] ibid., n°2.
[4] François, op. cit.
[5] cf. G. Bernanos, Journal d’un curé de campagne, 1936.
[6] Benoît XVI, Message pour la 27e journée mondiale de la jeunesse, 15 mars 2012.
[7] François d’Assise, Testament.
[8] François d’Assise, Fioretti, chapitre 8.